• Archives de tournages.

    Dans la section "Archives de tournages", je vous raconte ici mes aventures sur les tournages auquel j'ai participé. Je vous raconterai da manière le plus explicite ces aventures assez exceptionnelles. Les réalisateurs des films cités, n'y verront aucun inconvénient que je parle de leur film. Bref, c'est vraiment des making of à lire et à apprécier. Bonne lecture à vous tous. 

  • File est le premier film auquel j'ai participé. Venant tout juste de quitter mon boulot, un des membres de ma famille (Sebastien Scheidegger) me dit qu'il veut réaliser un film, un court-métrage, mais là où je ne le savais pas, c'est qu'il voulait le faire de manière professionnelle. Problème, je n'ai jamais bossé sur un court-métrage encore moins sur un court-métrage professionnel. Il est vrai que, à l'époque, j'avais acheté grâce à mon boulot quelques livres spécialisés sur le cinéma, mais il était essentiellement sur l'écriture de scénario. Quoiqu'il en soit, j'étais prêt à relever ce défi. Je ne fût pas déçu par le voyage ! 

    Sebastien me fait rencontrer un chef opérateur du nom de Alain Baptizet. Ne le connaissant absolument pas, et croyant que le chef opérateur était le chef projectionniste dans les salles de cinéma, j'appris en cours de route qu'en réalité un chef opérateur est en fait une personne qui s'occupe de la caméra, qui filme, qui fait la netté etc. 

    Ma rencontre avec Alain Baptizet fût à la fois mémorable et très comique. En effet, à la base Sebastien avait écrit le scénario de son film tout seul, et comme tous les scénarios, il est amené à changer en cours de route. Ceci est valable que ce soit pour les courts-métrages que pour les longs-métrages. 

    Ainsi, la première fois que je suis allé chez Alain, ce fût à la fois pour faire connaissance ( et j'étais impressionné, car naif, et croyant que le destin me destinait à une carrière dans le monde du cinéma) et surtout pour faire une première réécriture du scénario, et Alain nous conseillant sur les règles à appliquer pour la pré-production. Il nous a expliqué les différents moyens qui existent pour trouver des fonds pour la phase de production. 

    Alain nous explique, qu'il est un documentariste spécialisé dans les films spéléologiques mais qu'il est essentiellement connu pour ses documentaires spectaculaire, il est vrai, sur l'Afrique, essentiellement sur le Cameroun. Lors de notre rencontre à l'époque, Alain rentrait du Cameroun auquel il a une propriété là-bas, vu que sa femme est une véritable Camourenaise.

    Nous entâmons donc une première réécriture tous les 3, c'est-à-dire Alain, Sebastien et moi. Le réécriture se fait relativement vite, mais notre histoire était très classique. En effet, l'histoire raconte la rencontre entre un couple et un tueur psychopathe qui venait de tuer une jeune femme sous leurs yeux. Ils essaient tous les deux de survivre à ce tueur. Une fois, cette première réécriture de faite, on établi un premier plan de financement c'est-à-dire, on fait une première estimation de ce que le film va coûté dans son ensemble. Alain, grâce à son association, aidant les jeunes à réaliser leur premier film coûte que coûte, diminue déjà par 5, les tarifs que l'on aurait eu de facturer si on passait par une société de production Parisienne. C'était déjà un très bon avantage pour nous. Enfin bref, le premier budget est estimé à 20 000 € le tout inclus (montage compris, et dvd également). Il fallait trouver les fonds maintenant, Alain nous donne des conseils en nous disant de partir demander des montants comme 3000€ à des grandes surfaces, en échange d'un dvd et d'une galerie de photo du tournage. Il y a aussi la possibilité d'emprunté, mais le monde du court-métrage n'est pas celui des longs-métrages, et le remboursement de vos investissements est très très difficile à atteindre, surtout pour un premier film, un baptême du feu surtout. J'ai dit que ma rencontre avec Alain Baptizet était comique, et je vais vous dire pourquoi. Quand Sebastien et moi étions sur le point de partir, ce dernier vient vers moi avec un livre en main dont le nom m'a fait hurler de rire : "Osez tourner votre film X" C'est ce qui s'appelle, créer des liens. 

    Sebastien et moi, on était pas vraiment satisfait du scénario, et puis on s'est dit, autant être barge comme pas possible. On a puisé dans nos répertoires de dvds horrifique (bref, le cinéma de genre) que l'on a inclus en hommage. On a pris en référence des films comme Rossa Venezia, The Burning Moon, Mais qu'avez-vous fait à Solange ? et autre Dario Argento comme par exemple Les frissons de l'Angoisse. Avec de telles références dans un "survival", autant vous dire que l'on vous traite comme des Chtarbés. Chtarbés, voilà ce qui nous définissait à l'époque ! 

    Sebastien, après plusieurs refus catégorique des grandes surfaces, pris son courage à deux mains et décide de le financer lui-même en faisant un prêt bancaire. Son maximum autorisé par la banque, est de 15 000€. 15 000€ ce n'est pas 20 000€ comme prévu, cela veut donc dire, qu'il va falloir sacrifier des choses, on a revu certains point du scénario à la baisse pour des raisons de coût. 

    Me concernant, à la base, je devais m'occuper des effets spéciaux gore. A ce titre, le site internet Lunerouge est fantastique car, leurs méthodes étant extrêmement facile à comprendre, on peut modifier ça pour le meilleur effet possible. Ce n'était donc pas, les effets spéciaux qui coûtaient le plus cher à ce moment-là, mais les techniciens. 

    Je vous rappelle que Sebastien et moi, on a jamais bossé sur un tournage professionnel, on ne sait pas ce que l'on appelle "la mécanique de tournage" et là, on était plus du tout dans la cour de maternelle avec des petits films amateurs tout pourri, on allait faire un truc qui allait avoir de la gueule. 

    Le problème majeur, dans cette phase de pré-production c'est que l'on arrivait pas à obtenir d'assistant-réalisateur. Et me voilà, moi, propulser au rang d'assistant-réalisateur. C'est quoi un assistant-réalisateur ? J'en avais pas la moindre idée, mais en tout cas, fallait que j'apprenne. Je me suis acheté des livres sur la question, sur le métier, et diable qu'est-ce qu'il fait ? Quand j'ai lu ce livre sur la profession et comment faire le boulot d'assitant-réal, j'ai vraiment eu une crise de panique tant le boulot des assistants-réal est COLOSSAL. Imaginez un peu, l'assistant-réal doit, depuis le scénario, faire ce que l'on appelle un dépouillement. Le dépouillement consiste à prendre le scénario et de faire les listes des accessoires, des effets spéciaux, des comédiens, des costumes, des décors etc. pour chaque scènes, chaque séquences et sur l'ensemble du scénario. Et comme toutes ses listes sont brutes à ce moment-là, on nomme ça un dépouillement. Mon dépouillement, pour un film qui allait faire 15 minutes, faisait pas loin de 50 pages. De ces 50 pages, je devais en tirer les listes citées plus haut mais de manières beaucoup plus épurée et à partir de là, établir le planning de travail sur le temps du tournage, et les feuilles de services. Pour le planning de tournage, le réalisateur (Sebastien) avec l'aide d'Alain, font le découpage technique et la norme veut que pour une journée, on part sur une base de 15 plans par jours. Si il y en a plus, cela veut dire que vous avez des grosses journées de tournage. Les feuilles de services, sont quant à elles, les planning de tournage journalier pour chaque membres de l'équipe et vous devez gérer les horaires, la météo, les autorisations sur les lieux où vous tournez, l'endroit pour bouffer le midi, dire ce que l'on a besoin etc. etc. 

    Autant vous dire, quand vous n'y connaissez rien, il y a vraiment de quoi faire une crise de panique. Mais Alain étant là pour m'aider, j'ai vraiment appris mon premier métier sur le terrain, mais quoiqu'il arrive, un assistant-réal c'est le mal-aimé sur les tournages. En gros, c'est lui le patron, c'est lui qui gère les emmerdes, tout ça pour que le réalisateur puisse se concentrer que sur ses comédiens. Si tout va bien, ce n'est pas grâce à l'assistant-réal, si ça merde, c'est de sa faute. Vous avez dit ingrat comme boulot ? Absolument, surtout quand vous êtes un bleu qui doit montrer qu'il est le patron à des...professionnels. Difficile de faire plus formateur. Mais pensez-y quand vous voyez sur les génériques de films, que si le film existe, ce n'est pas forcément à cause du réal, mais bel et bien l'assistant-réal qui se démerde et qui se défend comme un diable pour que le film existe. C'est lui, qui doit avoir le plus grand respect, et non le réalisateur. 

    Enfin bref, me voilà assistant-réal, et puis voilà que j'empile les casquettes sans que je le sache. J'ai empilé tout le travail du régisseur général dans la préparation du film (c'est lui qui organise les repas, qui gère les déplacements des techniciens et des comédiens conduit soit par des chauffeurs, c'est lui qui met en place la sécurité, qui fait les demandes d'autorisations de tournage si vous êtes sur une propriété privée ou au Maire comme ce fût le cas pour nous, c'est lui aussi qui trouve les logements pour dormir les nuits, et auquel faut des bureaux pour l'équipe, c'est lui qui fait également tout pour que tout le monde se sente bien sur un tournage, qui signale le parcours pour aller sur les lieux de tournages, qui achète les consommables etc. Bref, un gros travail également, car quand on a un soucis c'est notre sauveur ! ). Le régisseur que j'ai rencontré, ce cher ami qu'est Frédéric Lanoir (un acteur du film Indigènes), on a passé des moments inoubliables et faut dire que ce fût une rencontre déterminante tant on en a vu sur les tournages ! J'ai également mis à diposition ma propre voiture de l'époque, une caravanne que mon père n'utilisait plus car il ne part plus en déplacement, mes armes que je possédais etc. 

    Au cours de tout ce processus, j'ai rencontré celle qui allait s'occuper de nos effets spéciaux, Delphine Paupe, actrice (elle a jouée dans un Jean-Pierre Mocky), sculptrice, maquilleuse etc. elle a donc pris le relais sur les effets spéciaux. Pareil, une amitié de liée dans le temps. 

    Toute la phase de pré-production d'achevée, l'heure du tournage avait sonnée. Faut savoir qu'une phase de pré-production se termine la veille du premier jour de tournage. C'est beaucoup de responsabilité quand vous n'êtes qu'un bleu qui doit montrer qu'il est le patron à des professionnels. Si personnellement, j'arrivai à gérer mes émotions, Sebastien lui, fût traumatisé. En effet, 3 semaines avant le tournage, il a pris conscience de ce qu'il faisait, de l'enjeu financier, de l'enjeu de montrer de quoi il est capable, il a vécu une névrose d'anxiété des plus graves, à tel point qu'il voulait tout arrêter. Tout arrêter à 3 semaines du tournage, alors que vous avez des techniciens qui viennent de Lyon, de Paris rien que pour vous et qui bloquent leur agenda rien que pour vous, c'est impossible au niveau des engagements, et si vous persistez dans votre annulation, je vous explique pas les dégâts. Mais, on l'a encouragé, rassuré et nous voilà au terme de la pré-production. La pré-production a pris pas loin de 7 mois pour un court-métrage de 15 minutes. Les réalisateurs célèbres ou autres professionnels confirmés diraient que c'est beaucoup trop long. Et moi je vous dirai que j'ai appris le métier durant ces 7 mois, vu mon ignorance total, et que gérer tout ça le plus souvent seul, vu que Alain n'avait pas que ça à faire et avait d'autres projets, et Sebastien - tout aussi ignorant que moi- devait s'occuper de ses comédiens, du casting, du budget etc. vous n'avez pas le choix, quand vous n'avez pas de budget suffisant pour payer les professionnels correctement, sans parler des defraiements nécessaire que cela engendre. 

    Le tournage commença à la mi-Septembre, près de Belfort (là, où il y a les Eurockéennes) et ce fût - et là, c'est un vrai euphémisme - un tournage très difficile. Vous avez beau utilisé toute votre imagination pour qu'il ait le moins d'imprévus possibles mais là, franchement y a des choses que je n'aurai jamais pensé si je n'avais pas été sur le tas. Et je vous rappelle que c'est l'heure du dépucelage pour Sebastien et pour moi ! On devait montrer c'est qui les patrons à des pros ! 

    Pour ma part, ça a été, j'ai réussi à montrer que j'avais des couilles et on m'écoutait. Et puis, le fruit de nos imaginations peut nous jouer des tours, ces professionnels sont des êtres humains, et ils t'aident quand même car ils savent bien que tu es un bleu. Du coup, ça devient moins rigide et le boulot se faire un peu plus relaxé. 

    Le premier jour se passa plutôt bien pour ma part, ainsi j'ai vu la mécanique d'un tournage sur le terrain. J'empilais des casquettes, je donnais le clap. Donner le clap, je l'ai ressenti comme un bizoutage de bleu sur le terrain, j'avais l'impression d'être une sous-merde. Bien plus tard, j'ai compris que 1- Il n'y a pas de postes qui soient autant important qu'un autre, tout est crucial dans un film et pour sa réussite. On est tous sur un pied d'égalité. 2- Donner le clap permet d'avoir une maitrise des plans, des valeurs utilisées à la caméra en se basant sur les bagues, et bien donner le clap (c'est un art) permet un meilleur montage. Et en plus, cela vous permet d'être à la fois au centre de la direction d'acteur, de la direction technique et vous apprenez encore bien mieux que de faire des analyses de films ou des stages quand vous êtes étudiant en audiovisuel. 

    Sebastien sur le premier jour du tournage, souffrait le martyr. Rien n'allait dans ce qu'il voulait, sa névrose d'anxiété était de plus en plus forte, tétanisé, il avait du mal à faire face. Heureusement que le père Baptizet, qui a 30 ans de métier, est venu à la rescousse. Il proposait, Sebastien donnait son accord ou non, cela le détendait et on a pu continuer nos plans à faire le premier jour. 

    Quand vous avez fait votre journée de tournage. Vous êtes lessivé. Cela a pu durer pas loin de 10H ou plus si vous êtiez là bien avant le "prêt à tourner" qui dépend de la température de couleur selon le lever du soleil. Et comme notre film, était basé que dehors, vous êtes considérablement dépendant de la météo. Le soir, avant de vous restaurer, l'assistant-réalisateur et le réalisateur n'ont pas le droit au repos. Ils doivent faire le bilan de la journée, et l'assistant-réalisateur fait les feuilles de services du lendemain pour tout le monde. Cela prend encore 2 bonnes heures avant d'aller manger, se doucher etc. Vous faites pas forcément la fête ou autre chose car vous êtes crevé de votre journée et quand vous vous couchez à 2H du matin après votre boulot de préparation d'effectuer pour le lendemain, morphée vient très vite vous rendre une petite visite.  

    La malédiction du deuxième jour est une théorie que j'ai inventé mais elle se vérifie toujours le...2ème jour. Vous n'avez jamais remarqué, quand vous commencez un job ou autre, que le premier jour tout se passe très bien mais que le second est un véritable enfer tant rien ne va ? Cela se vérifie parfaitement, et notre film ne faisait pas exception. Bienvenue en enfer messieurs-dames ! Le taux d'emmerdes vu très élevé. Quelques exemples. Je vous rappelle que notre film se passe dans les bois, avec un sérial-killer, et que c'est censé être très gore et malsain comme tous les films de genre. Premier problème, la chute...de glands. On peut pas tourner. Pourquoi ? Les glands créant un boucan affreux pour l'ingénieur-son qu'il ne peut enregistrer, sans parler des dégâts sur le matériel ! Comme on tournait avec une Super 16 mm Aaton LTR (caméra qui coûte bien plus cher qu'un 4x4 BMW neuf !) faut vraiment le vivre pour y croire. Autre exemple, les tracteurs, les gens qui se pointent ici et là et ces putains...d'avions. J'avais fait mon enquête, vu qu'il y a un aérodrôme près de notre lieu de tournage, aucuns avions ne devaient décollé durant cette semaine. Et pourtant, on a jamais autant d'avion ce jour là ! Les boeings, les concordes etc. j'en revenais pas que le micro à la perche pouvait capter ça et que l'on pouvait l'entendre comme si on était à côté d'un réacteur ! Autre exemple génial, le mardi matin, notre deuxième jour de tournage, il pleut mais alors des cordes. On ne peut tourner pour la matinée. Imaginez le retard d'accumulé, et votre budget est tellement serré que vous ne pouvez prétendre prendre du retard. On est dans la merde, d'autant plus que Sebastien, déclare qu'il arrête le tournage et le film ! Il annule tout ! On a continué quand même, et tous ont fait leur possible pour que le film voient le jour. Des actrices qui m'aidaient à la régie etc. je ne les remercierai jamais assez tant l'équipe devient un, pour que le film vive. Tant pis pour le public, tant pis si on sacrifie des choses. Et d'un film extrêmement gore, Sebastien a tout épuré le côté gore. Triste, mais je n'ai pu tout faire également, même si, parfois, je l'aidais dans des suggestions pour la réalisation de quelques plans. 

    Les galères de tournage le lendemain s'accumulèrent, le tournage, d'un bonheur se transforme en traumatisme pour Sebastien, un cauchemar pour moi. Tout, je dis bien tout part en vrille sur le plateau. La tension monte, et nous sommes au troisième jour, voilà que l'effet Charcot gagne l'équipe. L'effet charcot intervient quand vous avez beaucoup de stress, la vie devient intense, et comme vous êtes 24H/24 avec les mêmes personnes, vous pensez qu'à une seule chose : Baiser. Vous draguez les filles présentes près de vous, souvent les parties de jambes en l'air deviennent de véritable tournante avec consentement. Vous devenez dingue, c'est comme si vous êtiez dans un état hypnotique, vous n'êtes plus du tout vous-même. Vous avez intérêt à maitriser la méditation et d'aller vous faire plusieurs onanismes avant d'aller travailler, sinon, l'infidélité sera de mise si vous aimez l'élu de votre coeur. Si vous êtes pardonnable, l'amour de votre vie ne vous le pardonnera pas. Et comme les réalisateurs ont des droits de cuissage...

    Le pire pour moi, fût la nuit du mercredi au jeudi. Des comédiens devaient reprendre le train pour Paris pour des raisons budgétaires. On était tous lessivé de cette journée épouvantable, et on fait ce que l'on appelle "Une fête de fin de tournage" mais en milieu de semaine. MONUMENTALE ERREUR. Enfin bref, Sebastien se prend une cuite phénoménale, moi également, tous de l'équipe se saôule à mort, sauf le photographe plateau. Je vous explique pas le boulot. Le régisseur fait de l'autostop en slibard avec une rose dans les cheveux, et moi, je rentre à 2H du matin pour faire mes feuilles de services que je termine à 3H du matin. J'imprime. Merde. L'imprimante est en panne, allez Anthony, fais les feuilles de services pour 15 personnes à la main. Je termine mon travail à 5H et quelques du matin, je n'ai pas dormi. Je vais dormir sous la mezzanine de notre gîte auquel un canapé-lit était là, et je me suis endormi comme si de rien n'était. A 6h du matin, un magnifique réveil du nom de Sebastien sortit de sa chambre et ce fût un véritable chant d'acapella de vomi ! Bienvenue dans le monde merveilleux du décuitage de l'équipe ! 

    La journée de tournage du jeudi fût un calvaire pour tous. On avait du mal à se concentrer, et comme dirait un de mes oncles "il y avait des morts". Tellement mort que, on a oublié de tourner une séquence avec une actrice Parisienne et qui, dans le train en route pour Paris, nous a bien foutu dans la merde. Rappelez-vous de ce que je vous ai dit, quand c'est la merde c'est de la faute de l'assistant-réalisateur ! Les profesionnels me disent que, en tant normal, je serai viré du tournage pour faute grave. Mais comme le cinéma est une question et une véritable définition de paradoxe, le fait que je sois viré signifie que je suis bon. Aussi étrange que cela puisse paraître. 

    Les autres journées ont été mémorable. Entre le manque cruel de pellicule (on tourne en Super 16 mm je vous rappelle ) et plus du tout de budget pour en acheter, ça craint. Tout comme ça craint le manque de faux sang où les quelques centilitres restant furent renverser sans faire exprès par notre comédien qui interprétait le tueur fou. Mais on a fini le tournage quand même dans les temps. 

    Finalement, on a fait des pick-up. Sur certains tournages professionnels, on appelle les picks-ups les convois de comédiens et de techniciens sur les lieux de tournages amenés par des chauffeurs. Mais on appelle aussi les pick-up les plans additionnels à tourner, ou à refaire pour le montage. Dans ce cas-là, vous prenez une journée et vous faite de nouveau un planning etc. Cela nous permettait de faire de nouveau la séquence manquante, mais aussi des rajouts ou des plans que l'on refait quand les rushs ne donnent pas de bon résultat. Pour la séquence manquante avec notre comédienne qui partait à Paris, on a pris finalement une doublure. Au montage, on y voit que du feu. 

    Au bout du compte, le film existe. Hélas pas comme on le voulait au départ, mais ce fût un véritable baptême du feu pour Sebastien et pour moi. Le tournage fût un traumatisme pour Sebastien, après ça, il n'a presque plus rien fait en film, mais la passion lui revient de plus belle et plus forte que jamais. J'en doute pas une seconde qu'il en refasse un, mais cette fois-ci, en beaucoup mieux. J'en suis convaincu. Me concernant, j'ai continué à en faire. Je vous en raconterai de nouveau et du collector. 

    Aussi difficile que fût cette expérience, j'en garde un très bon souvenir. 

    Anthony KLOPFFER. 


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